Pugao, les Hani, le peuple des rizières

« Quand le vent du printemps souffle il est temps de planter » chant Hani.

Il est 21h et j’arrive enfin à l’hôtel TImeless situé au coeur du village Hani de Pugao. Trouver un minibus a été plus ardu que prévu. Le bus a mis 7h comme prévu. Arrivée à 17h15. Le premier minibus avait du mal à remplir son véhicule car j’ai compris par la suite que les locaux le trouvaient trop cher. Donc j’ai du changer de minibus et on est parti une fois qu’il était remplis. Soit 9 personnes dans un espace, donc bien serrés. Dans le minibus il y avait des femmes Hani. La première m’a horrifié car elle mangeait une glace dans un pot. Une fois fini elle a ouvert la fenêtre et elle a jeté le pot dehors. La deuxième avait un carton à ses pieds. Et j’entendais des bruits et je lui ai demandé qu’elle me montre c’était des petits canetons. Le temps de déposer tout le monde, il faisait nuit et comme d’habitude pour trouver en pleine nuit le chauffeur a appelé l’hôtel.  Le gérant est venu me chercher. Après une douche, un bon repas, je vais dans mon dortoir me coucher. Je suis toute seule donc c’est cool.

Le lendemain matin au petit déjeuner je discute avec couple d’italien. Elle parle bien anglais et m’explique qu’elle est en Chine pour ces études de langues. Elle est venue visiter les rizières avec un de ses amis italiens de passage. Lui ne parle pas du tout anglais. En fait le gérant va nous expliquer une petite balade de 5km par la route pour aller voir un village Hani. Donc je me joins à eux. Ce qui est dommage c’est que le ciel est couvert. Au final on marche le long de la route et c’est pas top car il y a des travaux. A chaque camion bonsoir la poussière ! Par contre ce que je remarque c’est qu’il y a beaucoup de femmes dans ces chantiers. Elles sont impressionnantes car elle soulève des sacs très lourds. Mais que ce soit à Lijiang, Dali, chaque chantier tu trouves des femmes. Et j’ai vu dans le bus en allant à la gare, une vieille femme descendre du bus avec une hotte bien remplie et haute. Je tire mon chapeau.

Le point négatif de cette balade c’est que les paysages sont magnifiques avec les rizières, la forêt et la montagne, mais on ne peut que pousser un cri d’horreur quand tu vois des détritus partout. Déjà dans le bus de Kunming à Yuanyang il y en a partout le long des routes avec beaucoup de plastiques. Mais chez les Hani c’est pire. J’ai vu une femme rentrée dans sa voiture et jetée par la portière tous ces mouchoirs usagés alors qu’il y avait une poubelle pas loin….

C’est le problème de la Chine. Le chemin va être très long pour éduquer les gens et leur faire comprendre que la nature n’est pas une immense poubelle.

A un moment donné on va quitter cette route pour se retrouver dans un petit village avec quelques rizières. Sympa cette petite visite avec ces maisons traditionnelles, ces animaux et les Hani travaillant dans les rizières. Pour le retour on a décidé de choper un minibus. On va attendre un peu car tous ceux qui passent sont pleins de mômes. Le côté cool c’est que le soleil a fait son apparition. On va mieux distinguer les rizières. Une femme s’arrête et nous dépose à Pugao. On se fait un resto et après je laisse les italiens pour me balader dans Pugao. Ensuite je fais une petite pause sur la terrasse du Timeless. Elle donne direct sur la rue et une maison Hani très animée, avec des chiens, des chats, des coqs. Je vois passer le paysan qui amène ses vaches aux champs, celui avec son buffle. A un moment donné c’est une truie avec ses petits. Il y a de l’ambiance et de l’odeur. J’ai vu un documentaire sur le peuple des rizières et c’était intéressant. Aussi je vous fais un résumé ci-dessous. Bon ils ont dû tourner cela dans un super village Hani propre. Car ce n’est pas la réalité que j’ai sous les yeux.

A l’origine les Hani étaient un peuple des montagnes du Tibet. Suite à des conflits ils ont été chassés et sont arrivés dans le Yunnan au 6ème siècle. Ils ont créé il y a les plus grandes rizières en terrasse du monde. C’est par les poèmes et les chants que leur savoir s’est transmis de génération en génération. Ce système de rizières en terrasse est tellement exceptionnel qu’il vient d’être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Les Hani entretiennent une relation très forte avec l’environnement. Pour batir leurs rizières ils ont déffriché la forêt en conservant des hêtres. Ainsi une partie du massif est utlisé pour le bois. Les autres arbres vont capter la pluie. L’eau pénétre le sol jusqu’au nappes phréatiques. Cette eau rejaillit sous forme de source et le système d’irrigation la capte pour la retransmettre dans le village jusqu’aux rizières.

Les villages des Hani sont situés juste au dessus des rizières. Les déchets de nourriture sont jetés dans les rigoles de pierre du village (Pugao, il y a aussi beaucoup de détritus en plastiques dans ces rigoles). Ils vont se décomposer et fertiliser les rizières. Les Hani élèvent des porcs qui nourrissent avec une bouillie de son (enveloppe du riz). Ainsi les déjections de porc vont enrichir la terre des champs. Tout est lié les hommes, les animaux et les rizières.

Le peuple des rizières a mis au point un système d’équité de l’eau pour que chacun puisse recevoir une part équitable de l’eau. Cette tâche est dévolu à un Hani qui surveille en permanence toutes les rizières du village, et grâce à une pelle il modifie le cours de l’eau. Ne pouvant cultiver son riz, il en reçoit des autres villageois.

Les Hani n’utilisent aucun système mécanique. Pour irriguer les rizières ils se servent uniquement de la pente des terrains. La vie du village est organisé autour de la culture du riz. Les méthodes de travail n’ont pas changé depuis 1000 ans. La terre se transmet de génération en génération. Les rizières sont irriguées tout au long de l’année même pendant la moisson.

La moisson se fait entièrement à la main par les femmes courbées à la faucille et les pieds dans la boue. Les Hani élèvent des poissons dans les rizières. Les carpes mangent les insectes nuisibles et leur déjection sert d’engrais naturel. Et une fois adulte, les Hani peuvent les manger. Ces cultures n’ont besoin d’aucuns produits chimiques grâce à cet écosystème naturel la vie peut s’y développer. On y trouve aussi des escargots d’eau douce, des grenouilles, des oiseaux comme le crabier chinois.

Une fois la moisson effectuée et que les tiges ont séchées au soleil, les hommes vont utliser une grosse caisse pour battre les tiges de riz afin de séparer les grains de la tige. Ensuite le riz est chargé dans un sac de 40 kg que les hommes Hani vont ramener au village. Travail très épuisant à cause du dénivelé des terrasses des heures pour remonter avec plusieurs voyages si la récolte est bonne.

La plus grande partie de la récolte sera consommé par le village. Les Hani vivent exclusivement de leur production.

Après la moisson les Hanis s’attaquent à la reconstruction des talus des rizières, en enlevant les herbes. Ensuite la boue des bassins et la paille de riz est déposé sur les digues qui vont faire circuler l’eau. Pour finir le buffle est attelé pour arracher les restes des plants et les mélanger à la terre pour les fertiliser. Une fois fait on remplit la rizière d’eau.

Pour finir à la mort d’une/un Hani, son buffle est tué pour qu’il puisse continuer à cultiver le riz dans l’au-delà.

En tous cas la magie a opéré sur moi. Quand je me suis retrouvée à 17h sur le point de vue de Duoyishu. C’était magnifique d’observer les reflets, les changements de couleur suivant le ciel et surtout qu’il s’est mis à pleuvoir. Et je suis restée là jusqu’à la fin de l’averse pour voir l’impact sur les rizières. Et ben ma foi je suis restée scotchée… Un beau moment dans ce voyage.

Catégorie :Chine

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